Colonies de vacances pour enfants et adolescents
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D'hier à demain : passeurs d'avenir

Le secteur des vacances pour enfants continue sa mutation année après année. Cette évolution transforme profondément ce que l’on appelait encore, il y a peu, des « colos ». Aujourd’hui, l’offre est plus diverse (séjours thématiques, colos linguistiques, mini-séjours en centre de loisirs…), et les organisateurs parfois très différents (associations, sociétés, mairies, comité d’entreprises…).

Point de vue sur l'évolution du secteur des vacances pour enfants et adolescents

Lorsque Wakanga fut fondé, en 2008, une structure associative s’est imposée tout naturellement. Cela nous permettait, au quotidien, d’assurer un fonctionnement interne démocratique en cohérence avec celui que nous défendons dans nos actes. Cela répondait aussi à un principe que nous jugeons encore aujourd’hui intangible et qui guide une grande part de notre action : ne pas rendre lucratif le secteur des vacances pour enfants et adolescents. Comment en effet permettre au plus grand nombre de s’évader quelques jours ou quelques semaines s’il faut assurer une rentabilité toujours plus grande de capitaux ?

Parce que c’est bien cela qui nous anime en premier lieu : permettre au maximum d’enfants d’avoir une expérience de vie en collectivité. Le droit aux vacances, déjà reconnu dans la convention internationale des droits de l’enfant n’est guère appliqué. Bien que tous les enfants dans notre pays aient effectivement des vacances, ils ne sont qu’une faible majorité à pouvoir y effectuer des activités de loisir. Réduire au maximum le coût d’une colonie de vacances, sans renier ses valeurs fondatrices, n’est donc pas neutre s’il permet à des enfants supplémentaires de partir valise à la main. Dans le même temps, il nous semble important de ne pas oublier que c’est bien à l’Etat de remettre sur pied une véritable politique d’aide au départ à destination des classes moyennes, laissées pour compte ces dernières années.

Tout notre travail consiste à mettre en place des espaces qui permettront aux adultes en devenir que nous accueillons de se forger leurs propres opinions, de les confronter à celles des autres, de les mettre en pratique.

Redonner un sens au mot vivre-ensemble est le coeur de notre action. Mais pour y arriver, il est évidemment nécessaire que la composition d’un séjour de vacances reflète celle de la société et ne soit pas tronquée. Apprendre à des enfants à se côtoyer, à débattre, à s’entraider, c’est évidemment investir pour le futur et dans une société moins individualiste. Au quotidien, les intolérances, petites et grandes, arrivent à miner notre société, à favoriser le repli sur soi lorsqu’il faudrait s’ouvrir à l’autre. Le monde de demain sera multiculturel, avec des frontières physiques qui s’effaceront peu à peu. Mais elles pourraient, si nous n’y prenons pas garde, laisser place à des frontières idéologiques plus dures encore. A nous éducateurs, d’aider les enfants d’aujourd’hui à trouver leurs repères de demain.

C’est dans ce but que dans tous nos séjours, l’apprentissage de l’autonomie est au coeur de nos pratiques. L’autonomie ne réside pas que dans l’agir, elle est bien sûr aussi présente dans les pensées. Tout notre travail consiste alors, non pas à transmettre nos convictions, mais bien à mettre en place des espaces qui permettront aux adultes en devenir que nous accueillons de se forger leurs propres opinions, de les confronter à celles des autres, de les mettre en pratique. Et tout cela dans un cadre, non pas aseptisé comme on le voit parfois sous prétexte de protection renforcée, mais adapté, limité, pour ceux qui ne sont encore que des enfants.

Préparation d'une sortie en optimist à Cancale

Les activités des enfants ne sont pas planifiées à l'avance : elles naissent de différents facteurs (envies des copains, intérêt pour le milieu naturel, curiosité envers du matériel nouveau, etc). Elles puisent dans l'environnement immédiat et peuvent évoluer aussi rapidement que le groupe d'enfants.

Pour y arriver, quoi de plus naturel que de construire nos séjours avec les jeunes ? De leur laisser la possibilité d’influer sur le déroulement de leurs vacances ? Cette méthode permet à chacun de s’approprier ses vacances et de participer à la construction d’un ouvrage collectif, si différent d’un groupe à l’autre, d’un lieu à un autre… Les enfants sont capables de décider, si tant est que l’on leur offre cette possibilité. C’est pour cela que nous continuons à proposer des séjours qui ne sont que peu ou pas thématisés, seuls à même à laisser une marge. Il nous apparaît par ailleurs que les temps de loisirs et de repos ne sont compatibles ni avec un planning dicté par les adultes et leurs sacro-saintes activités de consommation, toujours plus spectaculaires et chronophages, ni avec des temps d’apprentissage scolaire.

Cette capacité de décision, les parents, bénévoles et personnels de l’association la possèdent également. Nous nous devons donc, collectivement, d’expliciter en permanence les choix et orientations de l’association, tout en laissant à chacun la possibilité d’influer sur ceux-ci. Nous sommes bien un maillon éducatif, imbriqué entre l’école et la famille, entre l’accueil périscolaire et l’aide aux devoirs. C’est donc à ce titre qu’au quotidien nous devons mener des actions de co-éducation avec tous les acteurs du champ de l’enfance.

Enfin, nous réaffirmons que les temps d’exception que sont et que doivent rester les colonies de vacances, ne pourraient exister sans l’engagement fort des équipes d’encadrement occasionnel présentes sur le terrain. Ces animateurs et animatrices, directeurs et directrices et ces personnels techniques sont bien celles et ceux à qui il revient, in fine, la lourde tâche de mettre en oeuvre ce projet éducatif, de le confronter au terrain, de vivre ses réussites et d’affronter ses désillusions.