Colonies de vacances pour enfants et adolescents
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Les enfants sont-ils encore les bienvenus à la montagne ?

Dortoir d'enfants en colonie de vacances

Le prix d'une journée en pension complète dans les Alpes dépasse parfois les 45 euros.

Dans les Alpes, des centres de vacances ont mis la clé sous la porte en quelques années seulement. D'autres ont tenté une montée en gamme destinée à séduire des groupes d'adultes. Au risque d'empêcher des enfants de découvrir la montagne en vacances ?


Publié le 30/09/2016
Actualisé le 30/09/2016
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2 commentaires

La montagne a toujours été une destination prisée des colonies de vacances au même titre que le bord de mer. C'est d'ailleurs dans les Alpes, comme sur la côte atlantique, qu'on retrouve le plus grand nombre de centres dédiés à l'accueil des enfants. C'est ce que disent les statistiques... sauf que les dernières datent souvent de plus de 20 ans et que les phénomènes de disparition ou de reconversion des bâtiments ont pris de l'ampleur en quelques années.

Pour s'en convaincre, il suffit de consulter le répertoire des locaux habilités à héberger des mineurs, tenu par le ministère de la Jeunesse et des Sports. Dans les Alpes, quantité de structures y sont référencées. Pourtant, la fiche de nombreux centres est annotée par des remarques de taille : "fermé", "inactif", "fermeture définitive"... Ces établissements restent donc référencés sans n'avoir plus aucune activité, risquant dès lors de fausser les statistiques. En Savoie, nous avons relevé que 67 des 310 locaux habilités sont fermés, soit 22% de l'offre. Nous décrivions récemment les raisons de ces fermetures de centres de vacances : coût des rénovations imposées, baisse de la fréquentation des séjours, diminution de leur durée, réduction des aides publiques à la rénovation...

Des prestations de luxe qui ont un coût

Il s'agit du phénomène d'exclusion le plus évident : moins de lits disponibles en montagne, c'est moins de jeunes qui peuvent y séjourner. Certains objecteront que, dans de nombreux cas, la baisse de fréquentation avait commencé bien avant que soit prise la décision de fermeture d'un centre. Elle en est l'une des conséquences et non la cause. Mais la vente de centres de vacances est alarmante car elle empêche tout retour en arrière. Lorsque ces bâtiments sont rachetés, c'est rarement pour poursuivre une activité tournée vers les mineurs : les locaux sont alors transformés en appartements ou résidences de luxe. Comment imaginer qu'ils puissent un jour retrouver leur fonction originelle ?

La vente des centres de vacances n'est pas l'unique phénomène qui conduit à freiner l'organisation de séjours à la montagne. L'autre mouvement à l'oeuvre, plus insidieux, c'est la montée en gamme des établissements. L'Isère, la Savoie ou les Hautes-Alpes recense de nombreux hébergements habilités à recevoir des mineurs alors que leur public à l'année est presque exclusivement composé de groupes d'adultes ! Une raison principale : ces établissements ont repensé l'équipement de leurs locaux afin de répondre aux attentes d'une clientèle exigeante et considérée comme plus rentable. C'est ainsi qu'on trouve dans le répertoire de la Jeunesse et des Sports des centres de vacances dotés d'un bar ou d'une salle réservée aux séminaires d'entreprises. Ces prestations ont beau être tournées vers les adultes, elles entraînent aussi une hausse du prix de la pension complète pour les enfants qui n'en sont pas bénéficiaires !

Sortir de l'impasse

Dans les endroits qui offrent ces prestations luxueuses mais inutiles, il faut débourser plus de 45 euros/jour pour l'hébergement et les repas d'un enfant en période estivale. A cela, il faut ajouter le prix des activités, la masse salariale de l'équipe pédagogique, les frais de structure, les déplacements... Autant dire que la facture finale pour les familles serait hors de prix et dépasserait allègrément la moyenne nationale de 63 euros/jour, citée dans le rapport du député Michel Ménard de mars 2013. Un organisateur sensible aux questions de mixité sociale ne peut se permettre de proposer des colonies de vacances aussi coûteuses.

Des centres qui disparaissent d'un côté, des hébergements qui montent en gamme de l'autre... Pour que les massifs alpins continuent à accueillir des enfants, il faut trouver une autre voie. Mutualiser deux centres en souffrance situés dans la même localité est une première possibilité : mieux vaut un centre rempli à 70% que deux centres remplis à 35%. Cette solution permet de préserver majoritairement l'emploi des permanents et de s'assurer un remplissage satisfaisant. Autre point important : se spécialiser dans l'accueil de mineurs, en conjugant classes de découvertes et séjours de vacances. C'est en gardant des prestations d'accueil simples (cela ne veut pas dire rudimentaires !) que les centres de vacances maintiendront des prix acceptables. Enfin, le travail de réseau permet de développer des synergies intéressantes, comme l'a fait l'Association des Centres de vacances pour Enfants en Vercors (ACEV).

Il reste aussi l'option de la gestion libre, retenue cet été par Wakanga pour l'organisation de son séjour à la montagne. Dans ce cas de figure, seuls les locaux sont mis à disposition, sans personnel ni repas. Les gestionnaires ne facturent qu'un coût à la nuitée qui correspond aux charges et à l'amortissement du bâtiment.  Cette solution réduit les risques financiers puisqu'aucun personnel n'est employé à l'année et garantit la préservation du patrimoine. Elle nécessite de trouver des groupes acceptant ce mode de location mais ces derniers peuvent être attirés par des prix généralement bas (de 8 à 15 euros la nuitée en moyenne). Elle est donc une solution intéressante mais qui ne permet de proposer que des emplois temporaires sur le territoire d'accueil.



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BAGNIS FOSSA Katherine | Publié le 13/10/2016

"Il semble au contraire nécessaire de maintenir une activité dominante tournée vers les enfants (scolaires + vacances)" Je vous rejoins à 100%! Le maintien de l'accueil des jeunes en montagne dans les centres de vacances contribue à renouveler les clientèles. Accueillir les enfants aujourd'hui, c'est travailler sur le long terme et c'est dommage que certains acteurs du tourisme ne s'en rendent pas plus compte...

BAGNIS FOSSA Katherine | Publié le 13/10/2016

Allier et alterner groupes d'enfants en semaine et groupes d'adultes le week end est une solution de maintien d'activités pour beaucoup d'établissement. L'association Isère Drôme Destination Juniors (52 centres de vacances), qui travaille avec l'ACEV, œuvre pour le maintien des emplois sur ces établissements par la mutualisation et le partage d'emploi et de compétence entre centres. www.iseredrome-juniors.fr

Quentin de l'équipe Wakanga | Publié le 13/10/2016

L'article visait à alerter sur la tendance de certains centres à privilégier une clientèle adulte au détriment des enfants. La transformation de chambres collectives en chambres individuelles avec sanitaires privatifs (pour répondre à des exigences de clientèles adultes) en est une illustration. Il semble au contraire nécessaire de maintenir une activité dominante tournée vers les enfants (scolaires + vacances), l'accueil d'adultes n'étant effectué qu'en complément. Merci pour le partage de l'information concernant l'activité de votre association et à votre disposition pour en parler plus largement sur ce site.