Arriver en colonie au milieu de têtes nouvelles n'est pas facile pour tous les enfants. Les premiers jours doivent favoriser une adaptation en douceur à cette la vie en collectivité.
"Quand je suis arrivée à la colo, j'avais l'impression que le centre était énorme. Maintenant, je le trouve beaucoup plus petit, il a rétréci !" Cette phrase d'une petite fille de 8 ans, prononcée après dix jours en colonie de vacances, dit beaucoup de choses sur l'adaptation des enfants à leur nouveau cadre de vie. A leur arrivée, l'impression est souvent confuse : le centre de vacances paraît très grand, avec ses longs couloirs, ses escaliers et ses portes si nombreuses qui débouchent sur des salles encore inconnues. Il faudra plusieurs jours aux enfants pour se repérer pleinement et passer d'une salle à l'autre en toute autonomie. Ce n'est qu'une fois le centre de vacances entièrement visité et investi qu'il apparaîtra familier aux enfants et donc "plus petit".
Pour que les enfants s'adaptent à la colonie de vacances, il faut d'abord que les lieux soient pensés pour eux. Chaque tranche d'âge doit pouvoir bénéficier de son territoire, sorte de cocon rassurant dans l'immensité des pièces : il peut s'agir d'une salle d'activité réservée à un groupe, avec un matériel adapté à l'âge des enfants. Cela incitera naturellement les enfants à entrer en activité et à apprécier ce lieu. Cette pièce agira aussi comme le refuge du groupe, qui va contribuer à la constitution d'un esprit collectif et va favoriser la naissance des premières amitiés.
Des journées régulières, avec des temps et des lieux immuables, aideront les enfants à prendre leurs repères et à entrer en activité avec leurs copains.
Le centre de vacances doit également être fléché, de sorte que les enfants puissent aller librement d'une pièce à l'autre en se sentant sécurisés. Repérer des lieux clés comme les toilettes, les chambres ou la salle à manger est indispensable lorsque les locaux sont très vastes. Les grandes pièces collectives gagneront à être cloisonnées en différents espaces : elles accueilleront le même nombre d'enfants mais paraîtront plus chaleureuses. L'ajout de paravents, de rideaux et de tapis va aider à matérialiser l'espace : en un sens, le centre de vacances doit se transformer en grande maison pour conserver un caractère familier d'intimité pour les enfants.
Donner aux enfants la pleine maîtrise de leur planning, en mettant en place un rythme de vie régulier de jour en jour, va leur permettre de s'intégrer plus facilement dans le cadre de la vie collective.
L'adaptation des enfants sera facilitée à condition que l'organisation des journées suive un déroulement régulier : si les temps et les lieux sont immuables, alors la salle de jeux du matin sera de plus en plus investie, le conseil d'enfants du soir deviendra un rendez-vous attendu, les coins permanents amèneront de nouvelles idées d'activités, etc. Cette constance dans l'organisation d'un jour à l'autre n'interdit évidemment pas des bouleversements à la marge, c'est le propre d'une vie collective et des imprévus d'une colonie. Mais les rituels que commencent tout juste à apprécier les enfants et qui sont des jalons dans leur journée doivent être préservés.
En effet, lorsque l'enfant maîtrise le déroulement de la journée, il peut alors se projeter dès le matin dans des idées d'activités. C'est ainsi qu'on voit apparaître des invitations ("tu viendras jouer avec moi après le petit déjeuner ?" ou "on construit une cabane ensemble cet après-midi ?"). L'enfant parvient à anticiper et se saisir des différents temps de la journée pour consolider (ou défaire !) les liens d'amitié commencés le premier jour. A l'inverse, une organisation qui change constamment empêchera les enfants de se projeter et les rendra dépendants des décisions des adultes.
La confiance des enfants naît aussi de la sécurité dont ils sont entourés pendant leur séjour. Le rôle des adultes est primordial. Permettre aux enfants d'agir seuls, c'est avoir anticipé une multitude de détails dans la gestion de la vie quotidienne : où pourront-ils poser leur serviette humide après la douche ? où mettront-ils leurs affaires sales ? comment sauront-ils s'il est l'heure de se lever le matin ? Un cadre pensé pour l'enfant agit doublement sur la confiance : il rassure sur la prévenance des adultes et démontre à l'enfant sa capacité à se prendre en charge. Cette confiance progressera à mesure que les activités le mettront également en situation d'action et de réussite.
A cet égard, il est important que les adultes se rendent disponibles pour écouter les enfants qui en ont besoin. Les premiers jours entraînent leur lot inévitables de petits soucis qui gagneront à être résolus rapidement pour ne pas influer sur le reste du séjour. Se rendre disponible pour un enfant, accueillir sa parole sans jugement, accepter sa peur ou sa tristesse sans la relativiser trop rapidement sont de véritables qualités qu'une équipe se doit d'avoir. L'organisation des adultes, notamment lors du coucher (temps sensible par excellence), doit permettre l'existence de temps d'échanges individuels pour les enfants qui le souhaitent. Créer les conditions de la discussion dès les premiers jours est essentiel pour que les enfants s'autorisent à se confier.
Dès les premiers jours du séjour, c'est donc une double adaptation qui est en marche. Les enfants vont découvrir un nouveau cadre de vie avec des règles et une organisation différentes (par rapport à leur famille, leur école, leur club de sport...). Ceci va les confronter à des problématiques nouvelles et des situations imprévues : ils vont donc s'adapter pour s'intégrer à ce milieu. Dans le même temps, l'organisation de la colonie de vacances va elle aussi s'adapter aux enfants, en offrant un cadre facilitant, pensé pour aider le groupe à s'emparer de son séjour. De ces adaptations conjuguées vont naître l'intégration de l'enfant au sein de la collectivité.