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Préparation du repas par les ados

Les ados passent aux fourneaux

Les ados, pas motivés pour cuisiner ? Un séjour organisé en août dernier, pendant lequel ils ont pris en charge la préparation des repas, montre une tout autre image de leur rapport à la cuisine. Trois anecdotes pour illustrer le propos.

Passer dix jours en camping avec des adolescents entre 12 à 15 ans, c’est forcément accorder beaucoup de temps à l’intendance. Fidèle à son objectif d’impliquer les participants dans la gestion de leur séjour, Wakanga propose régulièrement aux ados de s’impliquer dans la préparation de leurs repas : choix des menus, gestion des courses et confection des plats passent ainsi entre leurs mains. C’était encore le cas lors de notre séjour en camping à Larmor-Plage l’été dernier : 15 participants ont préparé les repas à tour de rôle durant dix jours.

« C’est difficile ! »

A mi-séjour, un bilan de l’équipe d’animation a fait apparaître un vrai problème : les cuisiniers volontaires étaient souvent les mêmes depuis le début du séjour. Sans doute était-ce une erreur d’avoir fait un tableau d’inscription aux tâches où la cuisine côtoyait la vaisselle et le rangement du camp : dans ces conditions, la cuisine avait toutes les chances de passer pour une corvée… Quand on interroge les ados réfractaires, la justification est facile : « Je sais pas faire la cuisine de toute façon » ou « C’est trop difficile ». Pour beaucoup d’ados, leur vision de la cuisine, c’est un mélange de Top Chef pour l’aspect difficulté et de Masterchef pour l’aspect compétence : autant dire que la cuisine ne leur paraît pas du tout à leur portée. Il y a aussi l’idée de ne pas perdre la face devant les autres : aller en cuisine, c’est prendre le risque d’avouer qu’on ne sait pas éplucher une pomme. Il faut alors rassurer et accompagner. On rappelle qu’on ne cuisine pas pour impressionner les autres, qu’on se fiche pas mal de la décoration du plat et que le but, c’est justement d’acquérir des tours de mains.

« J’aurais trop dû venir avec des recettes ! »

Avant le séjour, l’équipe d’animation avait envoyé une lettre aux ados, leur conseillant d’apporter des recettes en prévision des repas. Sans surprise, bien peu étaient venus avec. Certains nous l’ont dit, ils espéraient ainsi ne pas passer aux fourneaux ! Pourtant, après quelques jours à préparer à manger, les langues ont fini par se délier. Finalement, ce n’était pas si dur que ça de cuisiner. Ca pouvait même être drôle quand il y avait une bonne ambiance entre les cuisiniers. Alors, certains ont regretté : « J’aurais trop dû venir avec des recettes ! » Ils se sont rappelé les plats que leurs parents leur font parfois, ils se sont souvenu d’un goût particulier qu’ils avaient soudainement envie de faire partager, ils ont parfois essayé de reconstituer une recette de tête pour incorporer une part d’eux dans le repas commun. Petit à petit, la cuisine a quitté l’image de la corvée pour devenir une activité qui pouvait apporter un vrai plaisir.

« Ton jambon, il est discount, c’est pas bon »

Faire les courses pour le repas révèle des habitudes familiales différentes entre les ados. Au supermarché, un groupe de 6 ados avait ainsi pour mission de rassembler toutes les denrées nécessaires aux repas de midi et du soir. Au moment de passer à la caisse, Sabrina a brandi du jambon « pas cher du tout », fière d’annoncer au groupe qu’on allait faire des économies. En face, elle a eu le droit à une mine de dégoût de Julie. « Ouais, mais ton jambon, il est discount. C’est pas bon, j’avais vu un reportage, y’a du collagène dedans et d’autres trucs encore ». Le critère du prix contre le critère du goût. Dans notre bouche d’animateurs, et parce que les regards se tournent vers nous, il nous faut être habiles. Ne pas condamner d’office les premiers prix qui remplissent quotidiennement le frigo de bien des ados de ce séjour. Rappeler qu’on peut aussi faire des économies en achetant moins mais en privilégiant des produits qui rassasient. Redire qu’on a, sur ce repas précis, une marge budgétaire qui nous permet de choisir un jambon supérieur.

La cuisine, activité à part entière

Les anecdotes précédentes ont rappelé l’intérêt qui liait les ados à la cuisine. Pour autant, préparer à manger constitue une véritable compétence que certains adolescents n’ont pas, parce que leur vie à la maison ne leur donne pas l’occasion de s’y intéresser. La colo peut donc jouer pleinement son rôle en amenant les participants à gérer différents aspects de la préparation des repas. Il faut pour cela considérer la cuisine comme une activité à part entière, au même titre qu’une séance de surf ou qu’un grand jeu : elle doit s’intégrer dans un planning en occupant une demi-journée. Trancher, émincer, peler sont des gestes qui demandent un apprentissage. Il est donc essentiel de prendre le temps de découvrir ces tours de main et accepter la lenteur des gestes qui peut effectivement décaler l’heure du repas. L’apprentissage est à ce prix.

Séjour organisé à Larmor-Plage
15 adolescents de 12 à 15 ans


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