Accidents en colo : les statistiques inaudibles
Il appartient aux organisateurs de séjours de vacances de retrouver la confiance des parents par des actions ciblées.
Les séjours de vacances sont des lieux plus sûrs que le domicile, martèlent les acteurs des colonies de vacances. Pas sûr que les parents entendent le message pour autant...
Peut-on dire à un parent que son enfant court moins de risques s’il est en colonie de vacances qu’au domicile familial ? D’un certain sens, c’est la question posée par la récente campagne de promotion pour les colonies de vacances, lancée le 20 avril dernier par le ministre Patrick Kanner. Parmi les trois messages élaborés pour cette campagne, « En colo, j’ai confiance » a vocation à convaincre les parents de la sécurité des séjours de vacances.
Peurs irrationnelles
Avec une statistique imparable à l’appui : le nombre d’accidents est plus faible en colo qu’au domicile familial. L’été dernier, l’actualité a été marquée par le décès dramatique d’un enfant en colonie de vacances dans l’Ariège (sans que l’enquête ait pu mettre formellement en lumière la raison du décès). Dans le même temps, 46 décès d’enfants consécutifs à des noyades étaient enregistrés au cours de l’été, sans grande médiatisation (chiffre INPES 2012). La colonie de vacances est donc plus sûre. Chaque année, elle présente un nombre d’accidents mortels à peu près équivalent à celui enregistré dans le milieu scolaire.
Il ne s’agit pas de contester le bien-fondé de ces déclarations. Mais l’inquiétude des parents ne peut se combattre à l’aide de chiffres froids.
Ce n’est pas la première fois que le ministère tient ce discours qui se veut rassurant. Il est aussi relayé par les organisateurs eux-mêmes, lorsqu’ils sont interrogés par les médias à la suite d’un accident. « La France a la réglementation la plus sûre d’Europe », entend-on régulièrement. « Un enfant court plus de risques chez lui », lit-on par ailleurs. Il ne s’agit pas de contester le bien-fondé de ces déclarations. Mais l’inquiétude des parents ne peut se combattre à l’aide de chiffres froids. Tout parent est convaincu que son enfant ne court aucun risque à ses côtés, d’autant plus si l’idée d’un départ en colo lui fait peur ! Les discours répétitifs ne portent pas face à des peurs souvent irrationnelles.
Quelles actions contre la défiance
Le levier n’est sans doute pas le bon. La confiance ne se décrète pas, elle se construit pierre après pierre et les organisateurs de colonies de vacances sont sans doute les mieux placés pour agir sur ce point. La multiplicité des organisateurs – 12.000, rappelle le ministère dans une infographie – participe en fait à une relative opacité : comment choisir une colonie de vacances ? sur quels critères ? tous les organismes se valent-ils ? Les parents sont en face d’une jungle d’offres, accentuée par la concurrence frontale née d’Internet. Le guide de choix élaboré par le ministère est une première réponse qui doit en appeler d’autres.
Les organisateurs devront aussi s’interroger sur la façon de restaurer le lien de confiance (car il a existé !). Parmi quelques pratiques à questionner : pourquoi les agences de voyage entretiennent-elles parfois le flou sur l’organisateur réel de la colonie ? pourquoi certains projets éducatifs sont-ils aussi obscurs pour des parents ? pourquoi les adultes qui vont encadrer la colonie de vacances n’apparaissent-ils devant les parents qu’au premier jour du séjour ? pourquoi les informations sur les séjours sont-elles aussi partielles sur les sites web des organisateurs ? La balle est maintenant dans notre camp.
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